LA LITTERATURE AU CYCLE III


Little Lou

Jean Claverie  

Folio Cadet

Classe de Gilbert Cottin - Amplier

1)      Connaître l’œuvre

Titre : Little Lou 

Genre littéraire : Roman illustré ou album

Justification du choix de l’œuvre :

En rapport avec l’imprégnation musicale : les débuts du jazz

Contexte historique : l’entre-deux-guerres, la grande crise économique

Résumé :

Lou, un petit garçon, vit dans une ville américaine durant les années 1920. Il a une passion pour le jazz. Sa mère veut qu’il devienne révérend mais lui rêve d’être un grand pianiste. Une chance lui est offerte lorsque des gangsters veulent tuer le pianiste qui s’apprêtait à jouer dans la boîte de nuit voisine. Lou sauve la vie de pianiste, fait arrêter les gangsters puis remplacera le pianiste blessé.

 

2)      Analyse pour une lecture littéraire

Little Lou est un ouvrage littéraire qui peut se lire comme un récit historique : allusions à la grande dépression, à la guerre des gangs, débuts du jazz, illustrations.

Narration à la 1ère personne soulignée par les illustrations (colorisation incomplète)

Mise en évidence des valeurs universelles de fidélité, patience, travail, ruse.

Les scènes d’action amènent une rupture : insertion d’une bande dessinée au milieu du livre.

 

3)      Séquençage

 

Extraits

Objectifs

Types de lecture

Activités

1.1

1ère et 4ème de couverture + avant propos

 

Déterminer le genre de l’œuvre, son titre

Observation, analyse du titre, des illustrations

Hypothèses

Préciser genre du livre

2.1

Pages 5 à 8

Ecouter, comprendre

Lecture offerte

Lecture du maître.

Questions sur la compréhension

 

2.2

Pages 8 à 12

Ecouter, comprendre

Lecture offerte

Lecture du maître.

Questions sur la compréhension

2.3

Pages 14 à 20

Ecouter, comprendre

Lecture offerte

Lecture du maître.

Questions sur la compréhension

2.4

Pages 22 à 30

Ecouter, comprendre

Lecture offerte

Lecture du maître.

Questions sur la compréhension

3.1

Extraits musicaux

Découverte du jazz

 

Ecoute

3.2

Pages 32 à 37

Lire, comprendre

Lecture silencieuse

Lecture des enfants.

Questions sur la compréhension

3.3

 

Trouver la suite d’un texte

 

Ecrire

4.1

Texte des enfants

Lire, écouter, analyser

Lecture orale des enfants

Lecture des textes

Analyse et critique

4.2

Pages 38 à 43

Ecouter, comprendre

Lecture silencieuse

Lecture du maître.

Questions sur la compréhension

4.3

Pages 44 à 53

Ecouter, comprendre

Lecture offerte

Lecture du maître.

Questions sur la compréhension

5.1

Roman entier

Lire, comprendre

Lecture silencieuse

Lecture des enfants.

Questions sur la compréhension (fiche)

 

4)      Développement des séances de lecture littéraire

 

·        Séance 1 :

Etape 1

1ère et 4ème de couverture + avant-propos

Observation

Travail individuel puis collectif

 

1ère de couverture :

Travail collectif :           Trouver le titre, le nom de l’auteur, de l’éditeur.

Description de l’illustration : Que voit-on ?

Traduction du titre

Anticipation de ce qui sera trouvé dans ce livre : essayer de déterminer son genre.

4ème de couverture :

Lecture silencieuse du résumé.

Questions :       Qui est Slim ?

                        Où se déroule l’histoire ?

                        Observation des illustrations : A quelle époque se déroule l’histoire ?

Avant-propos :

Lecture du maître

Définition de l’avant-propos.

Qui a écrit cet avant-propos ? Memphis Slim, un, grand musicien de jazz.

Quelles sont ses inspirations pour ses musiques ? cf. texte

De quelle école parle Memphis Slim ?

 

·        Séance 2 :

Etape 1

Pages 5 à 8

Lecture du maître

Travail collectif

 

Lecture du texte par le maître

Questions de compréhension :

Où se passe l’histoire ? 2 lieux différents : le vieux Sud puis une ville du Nord

Quels en sont les personnages ? Papa et ses copains, l’oncle Sonny, maman (la pompiste), le révérend Pickett

Pourquoi partent-ils vers le Nord ?

Quel travail trouve papa ?

Expliquer : « Ils s’achetèrent des habits chics pour se présenter au révérend Pickett. »

Comment Lou peut-il connaître ce début d’histoire alors qu’il n’est pas né ?

 

Etape 2

Pages 8 à 12

Lecture du maître

Travail collectif

Lecture par le maître

Quels sont les nouveaux personnages ?

Cab le patron de bar, Slim le pianiste

Où habite la famille ? Au dessus du garage, à côté du bar de Cab

Comment s’appelle ce bar ?

Le Bird Nest : Traduction ?

Expliquer : Dès mon arrivée, moi aussi, j’ai commencé à chanter.

 

Etape 3

Pages 14 à 20

Lecture du maître

Travail collectif

Lecture par le maître

Qu’est-ce qu’un gramophone ? Faire le rapprochement avec l’illustration de la 4ème de couverture.

Donner une copie des pages 16, 17 : Décrire l’ambiance de l’office.

Qui est Miss Blandish ? Où habite-t-elle ? (Quartier riche)

Expliquer : « Je reconnais que Miss Blandish a réussi à ne pas trop me dégoûter de l’ivoire.

Quel genre de musique enseigne-t-elle ? Que préfère Little Lou ?

 

Etape 4

Pages 22 à 30

Lecture du maître

Travail collectif

Lecture par le maître

Expliquer : « Le quartier perdit sa joie, et moi beaucoup plus. »

Qui remplace Slim ? Pourquoi y a-t-il un défilé de pianistes ? Donner quelques noms (une grande asperge, Billy Gun, Ray Slide)

Pourquoi Lou hérite-t-il du piano ? Quel autre nom lui est donné ? (Bastringue)

Combien de pièces comporte l’appartement de la famille de Lou ? 1

Qui est Earl Olson ?

Pourquoi Lou doit-il filer par la porte de derrière si les « flics » arrivent ?

 

·        Séance 3 :

Etape 1

Différents morceaux de jazz

Ecoute

Travail collectif

Origine du jazz

Ecoute de quelques morceaux de jazz

Essayer de les caractériser : spiritual, gospel, blues, swing, boogie, be-bop, free jazz

Connaître quelques grands musiciens de jazz (cf. annexe 1)

 

 

Etape 2

Pages 32 à 37

Ecoute

Travail collectif

Distribution de la copie des pages 32 à 37

Lecture silencieuse des enfants.

Qu’a fait le pianiste ? Il sait quelque chose d’important sur Joe Carter.

Que veut faire Joe Carter ? Il veut le supprimer pour l’empêcher de parler.

Que se passe-t-il au Bird Nest ? Les gangsters tirent avec des mitraillettes.

Que fait Little Lou ? Il coupe l’électricité.

Qu’arrive-t-il au pianiste ? Il est blessé mais en vie grâce à Little Lou qui l’emmène chez lui.

Que fait ensuite Little Lou ? Décrire la descente de l’escalier. Remarquer qu’auparavant, il a pris une clé.

Etape 3

 

Ecriture

Travail individuel ou par groupes

Consigne : J’écris la suite de l’action en cours

Je peux écrire sous la forme d’un texte ou d’une BD. J’utilise la 3ème personne.

 

·        Séance 4 :

Etape 1

Textes des enfants

Lecture orale des enfants

Travail collectif

 

Lecture à voix haute de textes d’enfants.

Validation : Ces textes répondent aux consignes ?

 

Etape 2

Pages 38 à 43

Lecture silencieuse

Travail collectif

Lecture silencieuse par les enfants.

Compréhension

Que craignent les gangsters quand ils sont dans la voiture ?

Pourquoi ne parviennent-ils pas à s’échapper ? (Ils sont enfermés dans la voiture, elle est sur cales)

Pourquoi l’auteur n’a-t-il pas écrit de dialogues pour les pages 42, 43 ?

 

Etape 3

Pages 44 à 53

Lecture du maître

Travail collectif

Lecture par le maître

Compréhension :

Que fait Lou après l’arrestation des gangsters ? Il joue à la place de Ray

Pourquoi est-il intimidé ? Il joue devant Earl Golson.

Expliquer : « Solo de main gauche pendant trois semaines »

Pourquoi ray s’installe-t-il aux côtés de Lou ? Pour le faire travailler au piano.

 

Distribution d’une copie des pages 50, 51.

Quel est le nom du théâtre ? Qui jouent ? Qui est devant ?

 


 

ANNEXE 1

 

Quelles sont les caractéristiques du jazz ?
 
A. L'improvisation, les gammes, les accords

.......................................................................

Une des grandes différences entre la musique classique et le jazz est l'improvisation. La musique classique repose sur l'écriture sans laquelle elle n'existerait pas. Quelques exceptions confirment cette règle: les cadences de concertos, autrefois improvisées, l'harmonisation de basses continues dans la musique baroque, les improvisations à l'orgue... Mais c'est peu de chose par rapport au jazz où l'improvisation est la caractéristique compositionnelle, les "thèmes" (mélodies) - convenus ou écrits - représentant uniquement la carte d'identité du morceau. Le jazz se réfère en effet à des thèmes qui, joués sur des trames harmoniques, donnent libre cours à l'invention.

Voici deux autres formulations de ce principe fondamental:

·         une mélodie est jouée sur un certain nombre d'accords (groupes de notes) qui en sont l'accompagnement. Après, sur les mêmes accords, on invente d'autres lignes mélodiques, on improvise;

·         plus concret encore: on peut chanter une chanson en s'accompagnant d'une guitare pour ensuite (donc après avoir fait entendre la mélodie principale de cette chanson) se plaire à inventer sur les mêmes accords que l'accompagnement les mélodies que l'on veut (autrement dit: dont on a l'inspiration au moment même).

En jazz, on nomme la succession des accords "grille d'accords", la mélodie principale étant appelée "thème" et les lignes mélodiques inventées ayant pour nom "improvisation".

Le fonctionnement du jazz n'est pas plus compliqué que celui décrit dans notre exemple concret. A première vue... car ce petit jeu peut aller très loin et devenir une véritable science. En effet, des thèmes très sophistiqués et des grilles d'accords très complexes donnent au jazz une dimension "savante" incontestable, même si l'origine de cette musique est profondément populaire. Aujourd'hui, de plus en plus de musiciens de jazz apprennent leur métier dans des écoles et des universités spécialement orientées vers ce style de musique - pas tous, heureusement! Bien entendu, ce n'est pas la complexité qui fait l'art mais l'expression, et le jazz en regorge.

Reprenons notre explication sur le fonctionnement du jazz. La majorité des morceaux de jazz (en tout cas jusqu'aux années '60) se structurent selon le schéma thème - improvisation(s) - thème.

L'improvisation sur les différents accords fait appel à une panoplie de gammes alors que la musique classique, jusqu'à la fin du XIXème siècle, s'est polarisée autour d'une gamme majeure et deux mineures. Par "gamme", il faut entendre tout simplement "les notes qui s'adaptent à chaque instant à l'accompagnement", c'est-à-dire aux différents accords.

La plupart d'entre nous ont vécu l'expérience de chantonner sur un accompagnement (de guitare ou autre) et de s'égarer dans des fausses notes. Tout simplement parce que l'on ne s'attendait pas à certains changements dans l'accompagnement.

C'est la raison pour laquelle le musicien de jazz, avant d'improviser, écoute attentivement la succession des différents accords et la mémorise. A partir d'un certain niveau de complexité, il aura recours à l'écriture, uniquement pour noter dans l'ordre le nom des différents accords se succédant dans le morceau, grâce à un code appelé "chiffrage des accords". (Il s'agit donc d'un mémo).

Une gamme est généralement constituée d'un choix de sept notes parmi les douze disponibles. Mais certaines gammes comportent moins de sept notes, comme la gamme dite "par tons", qui contient six notes, ou les gammes pentatoniques (cinq notes). Elles peuvent aussi en comporter plus, le maximum (en Occident) étant atteint par la gamme chromatique (douze notes). Mais à part une technique développée dans la musique classique du XXème siècle et appelée "dodécaphonisme", l'utilisation de la gamme chromatique complète est rare. Un exemple, néanmoins? "Toys" de Herbie Hancock - encore qu'il s'agisse du thème et non d'une improvisation.

Comme nous l'avons dit, le musicien improvise en utilisant les différentes gammes en fonction des accords qui se succèdent dans le morceau. Il choisit ses notes au sein d'une gamme (envisageons une gamme blues en do = do, mi bémol, fa, sol, si bémol) et il joue par exemple : do, mi bémol, do, mi bémol, fa, sol, si bémol, sol, fa, mi bémol, do, etc... jusqu'à ce qu'un autre accord le conduise à changer de gamme.

Disons de la gamme blues en DO, par rapport à la gamme de DO majeur bien connue (DO - RE - MI - FA - SOL - LA - SI) que certaines notes sont baissées (sonnent plus bas) par l'utilisation d'un "bémol". Il s'agit (dans une gamme en DO) des notes MI et SI, respectivement situées sur les 3ème et 7ème degrés. Les blue notes, en français les notes bleues, correspondent donc aux 3ème et 7ème notes baissées. La couleur sonore de la gamme blues en DO est pour cette simple raison très différente de la gamme de DO majeur. Il en va ainsi de multiples autres gammes, dont certaines notes sont, par rapport à la gamme majeure, baissées et même haussées, ce qui offre pas mal de combinaisons. (Les bémols, bécarres et dièses se nomment "altérations". Ils modifient une note à concurrence d'un demi-ton).

Le musicien, lorsqu'il improvise, choisit ses notes parmi chacune des gammes qui "conviennent" aux accords joués par le pianiste, autrement dit parmi les gammes qui "sonnent" bien avec ces accords. Il s'agit de l'improvisation dite "chorus". Il est important de préciser, cependant, que l'improvisation prit son essor sur des bases moins complexes, à savoir que les musiciens des débuts du jazz improvisaient en "paraphrasant". Autrement dit, il rejouaient le thème du morceau (la mélodie qui lui donne son identité) en lui apportant toutes sortes de modifications, de variations et d'ornementations, mais sans le transformer radicalement.

 Qui a inventé le jazz ?
........................................

A cette question volontairement naïve, nous répondrons tout d'abord de manière lapidaire: les inventeurs du jazz sont des Africains déportés en Amérique, autrement dit des Afro-américains.

Cela dit, il est amusant de savoir que plusieurs jazzmen des débuts se couronnèrent eux-mêmes du titre d'"inventeur du jazz". Vanité ou cabotinage? En tout cas les premières formes de jazz doivent-elles être recherchées vers la fin du XIXème siècle où s'affirme peu à peu une musique nouvelle, issue d'une lente macération de différents ingrédients. Voici lesquels:

·         Dès le XVIIème siècle, 200.000 Africains sont déportés sur le continent américain pour y être soumis à l'esclavage. Trois siècles plus tard, ils seront des millions. A partir de ce moment, la pratique musicale des Africains, si étouffée soit-elle par les Blancs, va néanmoins s'exercer et connaître l'influence de la musique qu'écoutent ou jouent les maîtres. L'intégration de certaines caractéristiques de ces musiques au niveau le plus profond de l'expression musicale africaine entraînera, après quelque trois siècles de macération, la création d'une expression nouvelle, marqué sur le plan rythmique par le phénomène du swing.

Sur le plan mélodique, on constate notamment la création d'une gamme nouvelle dont les notes de tension, dites en anglais "blue notes", seront à l'origine du blues, qui fait partie intégrante du jazz.

Il est important de garder en mémoire, lorsqu'on aborde le processus d'élaboration du jazz, le fait que la musique traditionnelle africaine contenait en elle les germes prédominants que sont:

o        des rythmes irréguliers ou "déhanchés" (ce terme nous paraît le mieux convenir à vulgariser ce que les musiciens reconnaîtront comme des "syncopes" et "contretemps"), qui transformeront puissamment la rythmique occidentale;

o        des gammes souvent pentatoniques (le musicien s'exprime au moyen de cinq notes différentes) qui, confrontées aux gammes de sept notes occidentales, entraîneront des transformations, peut-être même directement au niveau des deux notes supplémentaires, les fameuses "blue notes" du blues. (Cette dernière hypothèse est parfois contestée).

Toute l'âme noire est là: deux notes dites "blue notes", baissées par rapport à la gamme "majeure" (gamme de référence en Occident) au moyen d'un "bémol", peuvent également ne pas l'être (grâce à un "bécarre"), au gré de l'humeur, de la mélancolie ou de la joie du chanteur... Cette versatilité (au sens anglais et positif du terme) constitue à elle seule une grande caractéristique du jazz.

·         L'adhésion de plus en plus grande des Afro-américains à la religion protestante les conduit à chanter, à l'église, les chants sacrés des Blancs. Cependant, notamment au niveau de la langue anglo-saxonne dont ils ne maîtrisent pas bien les accents toniques, les Afro-américains vont bouleverser la manière traditionnelle d'interpréter ces chants. De toute manière, ni leurs structures rythmiques ancestrales, ni leurs structures mélodiques ne correspondent à la manière occidentale de concevoir la musique. Le mélange qui s'ensuit est fondamental dans le processus de création du jazz.

A la fin du XIXème siècle, ce sont près de 300 ans de macération qui auront permis l'établissement d'un véritable swing constitutif du jazz, qui s'incarnera dans la musique d'église chantée, principalement sous la forme de "spirituals" et de "gospels".

·         L'origine du spiritual paraît remonter à la fin du XVIIIème siècle, reflétant plutôt l'expression de la souffrance que de la joie ou de l'espoir, lesquels furent du ressort du gospel à partir du début du XXème. Il est intéressant de constater que l'aspect ”dialogal” évoqué par une des acceptions du mot "jazz" (voir réponse à la question 1) est très présent dans le spiritual et le gospel (les fidèles font "la réplique" au prêtre, une phrase après l'autre); d'autre part, ce même rapport ”dialogal” existe dans un grand nombre de musiques ancestrales africaines... Grâce au gospel, les Noirs peuvent exprimer à l'église leurs sentiments profonds et... ancestraux. Le Révérend Kelsey parlait de "la joie extatique avec laquelle les Afro-américains interprétaient les psaumes et les cantiques. Ils associaient la danse et la liturgie".

·         A partir du moment où les Afro-américains sont libérés de l'esclavage (1865), ils auront accès à des instruments de Blancs. Ils passent alors peu à peu des tambours, planches à laver, balafons primitifs, importés d'Afrique et éventuellement perfectionnés sur le continent américain (en ce qui concerne le banjo), à des instruments de fanfare (trompette, clarinette, trombone), ainsi qu'au piano. Jouant de ces instruments, ils s'inspirent du répertoire européen (musiques pour fanfares, musique classique pour piano) mais, selon le principe décrit ci-avant, ils détournent la musique de son style original pour l'imprégner peu à peu des acquis du swing et du blues. Cet aboutissement se produit au début du XXème siècle. Dans cette évolution, il ne faut pas négliger l'apport des Créoles (les Noirs des colonies françaises, non soumis à l'esclavage), qui étaient aussi bien commerçants qu'hommes d'affaires ou... musiciens. Ainsi de Sidney Bechet, qui fut l'un des premiers jazzmen reconnus, et s'illustra dans le premier style de jazz, nommé "New Orleans". Ainsi aussi de Ferdinand Joseph La Menthe, dit "Jelly Roll Morton", qui se disait l'inventeur du jazz...

NB: nous avons beaucoup parlé de swing, en tant qu'élément constitutif du jazz. Souvenons-nous que ce terme sert également à définir un style de jazz correspondant à une époque. Le swing en tant que caractéristique rythmique existe dans tout le jazz, quels que soient le style et l'époque (tout au moins jusqu'aux années '60 où certains musiciens rompent expressément avec lui).

REFERENCES DISCOGRAPHIQUES

A propos de disques, signalons d'emblée que toute l'histoire du jazz en dépend. L'industrialisation du disque, qui commence en 1917 en ce qui concerne le jazz, est l'instrument fondamental de diffusion qui permettra aux musiciens de s'écouter les uns les autres en dépit des distances géographiques ou des conditions sociales (accès aux lieux de concerts trop coûteux, cours de musique inexistants ou trop onéreux également).

B. Les sources
.......................

Voici, en résumé, les différents éléments cités étant intervenus dans la formation de la musique de jazz:

1 . Sources "blanches"

·         les chants religieux protestants;

·         les chansons populaires anglo-saxonnes et (parfois) françaises;

·         les chansons populaires américaines;

·         les chansons de minstrels (imitation caricaturale de chansons africaines par des Blancs qui les interprètent à leur manière*);

·         les danses européennes (valses, polkas, mazurkas, quadrilles) notamment interprétées par des fanfares;

·         les marches militaires et autres musiques de fanfares présentes en toutes occasions festives à la Nouvelle-Orléans;

·         la musique de piano.

2. Sources "noires"

·         les chants traditionnels africains;

·         les nouveaux chants africains nés sur le continent américain;

·         les chants de travail (work songs, field hollers).

3 . Sources issues du mélange de 1 avec 2

·         des chants religieux spécifiques nés sur le continent américain (gospels et spirituals);

·         le ragtime, mélange de folklore noir et de musique de fanfare blanche;

·         le blues, mélange de ballades blanches (chansons anglo-saxonnes ou américaines), de ballades africaines (chansons africaines nées sur le continent américain) et de worksongs; de cette branche en particulier naîtra le Blues, non en tant qu'élément constitutif du jazz (utilisation de la gamme et de la structure blues - voir ci-avant) mais en tant que style à part entière (blues rural des campagnes, puis blues urbain des villes).

(*) ces Blancs, qui se noircissaient le visage de cirage, se plaisaient à se moquer des Afro-américains, mais on peut penser que certains se prirent au jeu et y allèrent de leur talent et de leur manière, dont les Noirs en retour s'inspirèrent peu ou prou..